Île ardente
Un nouveau site ? Pour quoi faire ?
2016-11-07
Comme une antienne, on entend de partout retentir la sagesse populaire : "Il faut vivre avec son temps !". Et rien n'est moins vrai lorsqu'il s'agit de faire siens les progrès fulgurants du numérique. Cependant, on aurait tort de croire qu'il suffit de suivre le mouvement pour en être... Dès lors, lorsqu'il a été question de concevoir un nouveau site, un impératif (post-kantien ?) a rapidement titillé les lobes frontaux de notre cerveau : ne pas se contenter ni de faire pareil, ni de faire comme si ! Dès lors, fort de cette ambition somme toute banale et pourtant louable, nous avons pris le parti de prendre la parole grâce à ce blog, ce bout de terre numérique, ardens insula au milieu de nulle part.
Si on osait esquisser librement un portrait du libraire du livre ancien et moderne, on serait presque tenté de le présenter comme un pendule, une demi-heure, un banlieusard. Il est cet entre-deux, ce truchement, cet intervalle par lequel se nouent des vérités dont il est à la fois la source et le désert. Portier, il voit ce qui entre et ce qui sort; il voit ce qui passe et ce qui se passe autour de lui. Il scrute, renifle et estime comme un anthropologue. Mais cette position médiatrice, qui affûte certes son regard, révèle du même coup toute l'étendue de sa fragilité. D'un côté, le libraire n'aura jamais le génie de l'écrivain et/ou de l'artiste. De l'autre, il restera à distance des certitudes et des ravissements du collectionneur et de l'amateur du livre ancien. Sa condition est aussi indéniable que précaire : toujours tout près, jamais dedans.
Ainsi, conscient de cette inaptitude qui l'isole pour le pire et le meilleur, le libraire-oxymore n'aura de cesse de demeurer à cette place qui le constitue : un centre périphérique. Il est (et restera) cette île ardente où convergent tous les hasards, toutes les beautés, toutes les découvertes et toutes les acquisitions (hé oui, c'est aussi un commerçant !). Telle est sa posture, que personne (c'est sa chance !) n'osera lui contester.
Du coup, il nous a semblé important de prendre la parole et de vous faire part de nos humeurs, de nos rencontres, de nos éblouissements à travers des brèves de comptoir de libraire qui n'auront d'autres valeurs que celles que vous daignerez y voir. Lire, cette pratique, a écrit Mallarmé. Tout est sous vos yeux à présent : disposez-en à votre guise !
Si on osait esquisser librement un portrait du libraire du livre ancien et moderne, on serait presque tenté de le présenter comme un pendule, une demi-heure, un banlieusard. Il est cet entre-deux, ce truchement, cet intervalle par lequel se nouent des vérités dont il est à la fois la source et le désert. Portier, il voit ce qui entre et ce qui sort; il voit ce qui passe et ce qui se passe autour de lui. Il scrute, renifle et estime comme un anthropologue. Mais cette position médiatrice, qui affûte certes son regard, révèle du même coup toute l'étendue de sa fragilité. D'un côté, le libraire n'aura jamais le génie de l'écrivain et/ou de l'artiste. De l'autre, il restera à distance des certitudes et des ravissements du collectionneur et de l'amateur du livre ancien. Sa condition est aussi indéniable que précaire : toujours tout près, jamais dedans.
Ainsi, conscient de cette inaptitude qui l'isole pour le pire et le meilleur, le libraire-oxymore n'aura de cesse de demeurer à cette place qui le constitue : un centre périphérique. Il est (et restera) cette île ardente où convergent tous les hasards, toutes les beautés, toutes les découvertes et toutes les acquisitions (hé oui, c'est aussi un commerçant !). Telle est sa posture, que personne (c'est sa chance !) n'osera lui contester.
Du coup, il nous a semblé important de prendre la parole et de vous faire part de nos humeurs, de nos rencontres, de nos éblouissements à travers des brèves de comptoir de libraire qui n'auront d'autres valeurs que celles que vous daignerez y voir. Lire, cette pratique, a écrit Mallarmé. Tout est sous vos yeux à présent : disposez-en à votre guise !